3. The end of Comte Etran

Final fight in the barricaded Tavern against Etran's wraith

PLAGUESTONE'S CURSE

Arthur

7/24/20248 min read

La noirceur et l'ombre menaçantes du lieu nous enveloppent déjà depuis plus d'une heure. Le Comte a installé de nombreux pièges pour protéger l'accès à son antre.

Nous en évitons le plus grand nombre, mais nous rendons vite compte que l'unique sortie a aussi été piégée. De puissantes runes scintillent dans le cadre de la porte. Je reconnais plusieurs sorts de haut niveau. Je n'aurais pas la puissance nécessaire pour les désactiver tous. Mais la sortie n'a pas l'air d'être une priorité: Mes compagnons ont l'air plus que jamais déterminés à en finir avec le vampire.

Je trouve cela fort dommage, car je suis persuadé qu'il existe un monde dans lequel cet homme cultivé et raisonnable saurait s'adapter, et pourrait vivre en harmonie avec les vivants de Plaguestone. Les villageois pourraient élever des vaches ou des porcs pour lui fournir le sang nécessaire à sa survie, en échange de quoi le Comte assurerait la protection physique de la région. Sa condition de mort-vivant est certes un fardeau, mais pas une barrière infranchissable. Le plus problématique reste sa femme, qu'il a fait revenir à la vie par magie, et qui n'a d'après les Plaguestonois plus grand chose d'humain.

Le Livre des Ombres parle du trauma des âmes trop longtemps laissées à leur sort entre les mondes. Il explique que plus l'âme s'est aventurée profondément dans les abîmes, plus il est difficile de la forcer à revenir habiter un corps. J'ai cru comprendre en lisant entre les lignes que les morts-vivants que l'on invoque par magie sous le coup du réflexe sont des âmes depuis longtemps détachées de notre plan, qui n'ont plus aucune volonté propre. Ce ne sont quasiment jamais les âmes des dépouilles animées, ce qui explique leur gaucherie. Il n'est pas facile de contrôler un corps qui n'a jamais été le vôtre.

Quoi qu'il en soit, l'exploration de la tour démolie se fait dans un silence tendu. Plusieurs fois, mes amis manquent de tomber dans des fosses dérobées hérissées de pieux, et de déclencher d'autres sorts terribles. Les éboulis ensevelissent une grande partie de l'ancienne forteresse, rendant la plupart des passages impraticables. Dans l'un de ces effondrements, quelqu'un retrouve la bague de Azlon. Le pauvre elfe restera à jamais coincé sous les tonnes de gravas.

Nous finissons par retrouver le caveau du Comte Ethran. Une rune d'alarme est actif sur son entrée; je m'emploie rapidement à la désamorcer. Nous pénétrons dans l'antre du monstre. Nowy nous indique que deux nouveaux tombeaux s'y trouvent, encadrant celui du vampire. Il apparaît prestement qu'ils appartiennent à la femme et la fille de celui-ci.

Des tentures richement décorées et finement tissées sont accrochées aux murs de la crypte. Elles dépeignent la vie et les malheurs de la famille d'Ethran. Plusieurs de ces oeuvres ont l'air récentes, d'autres ont largement perdu de leurs couleurs avec les années. Je lis l'histoire de la maison, et en apprend plus sur la tragédie ayant déchiré la lignée.

Je comprend la mort prématurée de la Comtesse, adorée jusqu'à la folie par son mari; la peine insoutenable d'un veuf trop puissant, qui scelle un pacte avec une entité démoniaque pour vaincre la mort; les recherches sur la vie, la mort et sa négation, qui poussent la bête blessée à propager la mort noire dans la région; la venue des Chevaliers de la Tempête, la fuite du Comte et sa prétendue mort;

sa profonde torpeur, attendant de se faire oublier pour revenir hanter le château et reprendre ses expériences; son réveil par une bande d'aventuriers peu prudents, son retour en puissance et le rétablissement de son pouvoir; et à nouveau un pacte avec une noire entité, afin de rappeler à la vie sa défunte femme.

La suite, nous la vivons présentement.

Les colonnes sculptées soutenant le plafond sont elles aussi enchantées de puissante sorcellerie anti-vivants. Nous nous aventurons prudemment dans le tombeau, tâchant de ne pas réveiller les morts-vivants tout de suite. Dans le tombeau de leur fille, vide, nous trouvons une broche magique. Elle renferme une magie très puissante, capable de ramener un défunt à la vie. Le Comte recherche sa fille, qui a dû mourir il y a de nombreuses années, n'ayant jamais été transformée par la non-vie.

Au moment indiqué, Lumi lance les hostilités. L'affrontement qui s'ensuivit fut rapide et brutal. Le vampire et sa femme-zombie se relevèrent avec une vitesse surhumaine, et malgré la surprise qui était de notre côté, se débattent comme des fauves. Le Comte protège de toutes ses forces son épouse, lui offrant son sang afin de lui permettre de se régénérer. Les combattants de notre groupe s'acharnent suffisamment sur la Comtesse pour en venir à bout, tant et si bien qu'elle tombe en poussière.

Son amant, fou de rage et de désespoir, fuit avec célérité vers la pièce suivante, maudissant les assassins.

Nous tentons de le poursuivre, mais il nous échappe en sautant à travers une porte étrange, dans une salle encore plus extraordinaire. La porte est flanquée de deux géants de pierre semblant la garder, et les parois lisses de l'endroit sont d'une teinte mordorée indescriptible. Elles donnent l'impression d'être électrisées, laissant crépiter une force hors de notre compréhension.

Les points lumineux qui tourbillonnent sur ces panneaux impossibles paraissent décrire des constellations inconnues. Des inscriptions ésotériques nous mènent à la conclusion qu'il s'agit d'un temple très ancien, prédatant de loin le village, et amalgamant bizarrement plusieurs versions désuettes de déités de l'ancien panthéon, dont Zératul.

Nous passons un instant à étudier le sanctuaire impie, dépassés par son caractère saisissant. Mes compagnons craignaient de suivre le vampire à travers la porte mystique, redoutant de se voir projetés dans le monde des morts. C'est très probablement grâce à cette arche astrale que le Comte a pu contacter son patron et accéder à la non-vie.

C'est fascinant. Il faut que je découvre ce qui se cache derrière ce battant opaque. Le reste du groupe est terrifié par les gardiens du lieu, et plus encore par son aura maléfique. Leur persévérance à détruire le vampire s'est soudain envolée. Certains diraient qu'ils sont pleutres. Le guerrier squelette-humain, une créature à la personnalité imprévisible, est le plus mal à l'aise de l'assemblée. Il s'agite beaucoup dans ce lieu, beuglant à qui veut l'entendre qu'il faut le détruire au nom de sa déité. Je me dis que pour mieux comprendre la chose de la porte des étoiles, il me faudrait l'étudier au moyen des écrits utilisés par Ethran lui-même. Je m'apprête donc à sortir le Tome des Ombres pour en extraire la vérité. Mais l'étrange guerrier s'excite de plus belle à la vue du traité de magie. Je lui intime de me laisser tranquille, me défendant de mon bâton de sourcier. Une claque. Un court instant de blanc. Je me retrouve le derrière au sol.

Le guerrier me relève en me tendant l'ouvrage avec dégoût. Il me fait savoir que sa déesse lui ordonne de le détruire, mais qu'il comprend qu'on puisse en avoir besoin plus tard. Il me rend le grimoire, m'intimant de le laisser en sécurité dans sa protection de cuir. Nos collègues ont l'air d'accord avec lui, alors je n'insiste pas. Soit, si ces sauvages incultent ne veulent pas avancer, qu'on en reste aux vieilles méthodes. Ces ignares ne comprennent rien à l'art subtil de la magie, je ne peux pas attendre d'eux qu'ils comprennent qu'elle ne s'aligne qu'avec l'utilisation qu'on en a. Je tente encore quelques astuces que je connais pour ouvrir le passage, mais rien n'y fait. Les aventuriers certains d'avoir accompli leur mission, ils me somment de les suivre pour rentrer à Plaguestone.

De retour au village, nous informont Selma de l'avancée de notre croisade. Les quelques personnes présentes à l'auberge nous sont très reconnaissantes d'avoir éliminé la Comtesse, qui les effrayait encore d'avantage que son mari. Mais il apparaît clair que ce n'est qu'un répis, Ethran préparant sa vengeance pour la servir au plus tôt. Selma nous recommande de réunir tout le village dans l'auberge afin de faire un petit festin des dernières vivres dont elle dispose. Avec le chevalier Skoi et Bombo, nous faisons le tour de Plaguestone et rameutons tous ceux que nous trouvons. Lumi, aidé de plusieurs hommes présents, organise la barricade de l'établissement, guidé par son immense savoir-faire artisanal.

La nuit venue, le banquet bat son plein. Les Plaguestonois sont heureux, soulagés, et boivent à la mort de l'affreuse dame. Mais la fête ne dure pas. Nous ressentons bien vite la présence du maudit Comte. Le Tome des Ombres me parle en pensées, me suppliant de ne pas laisser le monstre le reprendre à moi. J'y compte bien! Nous intimons au vampire de repartir aussitôt, n'étant plus le bienvenu au village.

Un grand rire nous répond, nous rassurant qu'il n'a pas l'intention d'entrer lui-même. Quelques secondes plus tard, toutes les bougies se font souffler par un vent glacial, plongeant le rez-de-chaussée dans des ténèbres magiques. Les prières de Kelen et mes incantations n'arrivent en rien à défaire le sort, et la panique générale s'empare de toute l'auberge.

Nous tentons de nous organiser au plus vite, envoyant les villageois se cacher dans la cave. Une ombre menaçante se détache des autres, et nous assaille de toutes parts. C'est comme si notre essence vitale nous échappait, et nous poussait chaque fois un peu plus au travers du voile nous séparant du monde des ombres. Je me doute fort que le Comte est allé chercher cette nouvelle allié derrière la porte du temple maudit.

Au moment où j'arrive à contrer les ténèbres magiques, le vampire trouve moyen d'entrer malgré l'anathème prononcé plus tôt. Le combat fait rage dans l'auberge, et plusieurs de mes compagnons frôlent la mort. Je me sens également partir vers le monde d'origine de Shiroh, mais la puissance du Livre me rend plus résistant au vol d'âme de l'ombre.

Avec Kelen, nous venons à bout de la créature intangible, grâce à la lumière sacrée des Jumeaux et à celle de la Loutre Argentée. Bombo me prodigue des soins comme je le lui ai appris, alors que nous venons en aide à nos frères d'armes, aux prises avec le Comte. Celui-ci use de tous les stratagèmes à sa disposition pour nous exterminer, retournant comme d'autres fois Nowy contre nous. Lorsque finalement nous sortons le dangereux gobelin de sa rage imposée, nous focalisons nos dernières forces sur le Maître vampire.

Nos efforts concentrés et notre valeur héroïque finissent par avoir raison du noble déchu, qui s'effondre sur le sol de l'auberge. Nous n'attendons pas un instant pour lui planter un pieu de bois dans le coeur, afin de nous assurer qu'il ne se relève pas.

Quel gâchis. Au fur et à mesure que mes compagnons antagonisaient le Comte au fil des semaines passées, je me prenais de compassion pour l'homme qu'il a été. Le destin tragique de sa vie et de son âmes brisées me touchent profondément. C'était, de son vivant comme après, un homme oeuvrant de toutes ses forces à la protection et la gloire de sa famille. L'aveuglement provoqué par le décès de sa femme est à mettre à l'amende de sa dévotion et son amour pour elle. La folie et les horreurs infligées à la région ne peuvent être pardonnées, mais peuvent être comprises en faisant preuve d'empathie.

Il paraît que certains prêtres puissants sont capables de faire revenir les morts, à très fort coût évidemment. Le Comte l'ignorait-il, ou n'avait-il pas les moyens de s'offrir ces services?

Nous ne le saurons probablement jamais...